La traçabilité réseau en entreprise : Big Brother ou bon sens informatique ?

Christophe Degraeve • 22 avril 2025

Imaginez un instant une entreprise sans traçabilité réseau. Un peu comme une soirée open-bar sans vigile : tout le monde entre, personne ne sait qui a pris quoi, et le lendemain matin, on retrouve un serveur au sol, des fichiers égarés et une étrange odeur de ransomware. Pas très rassurant. Pourtant, c’est exactement ce qui se passe dans bien des entreprises, petites ou grandes, lorsqu’aucun dispositif de traçabilité n’est en place.

Heureusement, il existe des outils pour éviter ce genre de gueule de bois numérique, et le NAC – Network Access Control pour les intimes – en fait partie. Son rôle ? Identifier, authentifier, contrôler et tracer les connexions à votre réseau, qu’elles viennent d’un employé, d’un invité ou d’un frigo connecté (ne riez pas, c’est arrivé). C’est un peu le physionomiste de votre réseau : il vérifie qui veut entrer, s’assure qu’il est autorisé, et garde un œil sur lui tant qu’il est là.


Mais la traçabilité ne relève pas uniquement du bon sens sécuritaire, elle répond aussi à des obligations légales bien réelles. En matière de cybersécurité, la législation impose à l’entreprise de pouvoir démontrer qu’elle met en place les moyens nécessaires pour protéger ses données et celles de ses clients. Et quand il y a une fuite, mieux vaut pouvoir retracer ce qui s’est passé que d’expliquer, penaud, qu’on ne sait pas trop qui a fait quoi, ni quand. Les autorités ne sont pas particulièrement friandes du style "on pense que c’est Kevin du marketing, mais on n’est pas sûrs, il était en télétravail".


En France, par exemple, le RGPD exige que les données personnelles soient protégées de manière appropriée, ce qui inclut la capacité à détecter un accès non autorisé et à réagir rapidement. Dans certains secteurs, comme la finance ou la santé, les exigences vont encore plus loin, avec des obligations précises en matière de journalisation et de contrôle des accès. Le NAC permet justement d’automatiser cette vigilance sans transformer vos administrateurs réseau en détectives privés.


Bien entendu, on ne peut pas parler de traçabilité sans évoquer le droit du travail et les libertés individuelles. Oui, surveiller les connexions, c’est sensible. Oui, un salarié a droit au respect de sa vie privée. Et non, le NAC n’est pas là pour espionner ce que vos collaborateurs commandent sur Uber Eats à midi. Le cadre juridique est clair : la surveillance doit être proportionnée, légitime et déclarée. En d’autres termes, pas de mouchard caché sous prétexte de sécurité. Il est essentiel d’informer les utilisateurs, via une charte informatique bien rédigée, que leur activité réseau est enregistrée à des fins de sécurité, de conformité et de bon fonctionnement du système. Et tant qu’on ne s’en sert pas pour faire le classement des plus gros consommateurs de bande passante sur YouTube, tout va bien.


En résumé, la traçabilité réseau, ce n’est pas un gadget ni une manie de paranoïaque. C’est une nécessité technique, une obligation légale, et une pratique saine pour toute entreprise qui veut rester maître de son infrastructure. Le NAC, loin d’être un œil menaçant, est en réalité un garde du corps discret mais redoutablement efficace. Et dans un monde où une simple clé USB peut déclencher une crise de sécurité, ce n’est pas un luxe… c’est une assurance.